Laponie – 8 jours à Levi

Jour 1 – 19 février

C’est le départ vers le Grand Nord. Le réveil est matinal pour attraper un bus de la compagnie Onnibus en direction d’Helsinki. Ils sont très pratiques et permettent de faire Turku – Helsinki en 2 heures et pour seulement 10 €. Un train permet ensuite de rallier la gare centrale à l’aéroport. Le vol en direction de Kittila n’est qu’à 15h, ce qui me permet de flâner un peu dans le duty free. Le vol ne dure qu’1h30 et pourtant nous parcourons plus de distance séparant Dunkerque de Marseille ! Kittila est un minuscule aéroport mais je suis tout de suite frappée par la féérie du lieu. En descendant sur la piste enneigée, je vois au loin des montagnes pas très hautes et plutôt arrondies. 

Une navette permet de rallier la petite ville de Levi située à 15km. A cette époque de l’année le soleil se couche vers 17h. Sur le chemin, le ciel est rose et la neige est partout, abondante et pure. Je sens le poids de celle-ci sur les arbres de part et d’autre de la route. Le paysage m’émerveille, c’est une arrivée assez inattendue étant donné la quantité de neige présente et le coucher de soleil qui la sublime. 

Arrivée à l’hôtel, je récupère les clés de mon appartement situé en face du Lapland hotel. C’est le Moonligt apartment et je le trouve plutôt bien agencé. Le placard à skis est dans l’entrée, puis la cuisine salon-salle à manger avec au fond la salle de bain (avec sauna !). On accède au lit par une petite échelle donnant sur la mezzanine. Je m’installe et me sens à l’aise dans cet appartement tout en bois.

Je sens que je suis au-delà du cercle polaire, dehors la température oscille entre -10 et -20 degrés. Je fais quelques courses et un petit tour en ville pour repérer les lieux. De nombreux chalets et commerces paraissent récents. Il y a beaucoup d’hôtels et de restaurants qui ont été construits pour le tourisme. Levi est la plus grande station de ski de Finlande et est en pleine expansion. Il y a beaucoup de marques notamment des sponsors de la World Cup qui se déroule ici tous les ans. Une voiture en glace à l’effigie d’Audi est en train d’être taillée. Je me rends aux pieds des pistes qui sont éclairées la nuit (à partir de 17h…).

Le Mont Levi ne s’élève qu’à 560 mètres mais il y a une quarantaine de pistes et presque autant de remontées mécaniques. Moi qui suis habituée aux stations de ski familiales, je suis impressionnée…

Jour 2 – 20 février

Ce matin je me lève assez tôt pour profiter de la lumière du jour. Le buffet proposé au Lapland hotel est très copieux. Un large choix de boissons, de mueslis, de baies, de pains et de confitures, de croissants et gaufres, de yaourts et fruits mais aussi du salé avec du fromage, tomates, bacon et œufs. De quoi assouvir ma faim tous les matins avant une bonne journée de ski. Vient le moment de « faire l’oignon », en s’habillant avec plusieurs couches pour aller louer l’équipement de ski. J’ai choisi Intersport pour la location, moins chère que les autres mais tout de même 110 € pour 4 jours. Les pass pour le domaine skiable se prennent à « ZeroPoint » en bas des pistes. Ce sont des cartes magnétiques à 150€ pour 4 jours. J’attaque ensuite ma découverte du domaine skiable. Arrivée en haut de la montagne, j’admire la vue sur la plaine et le village de Levi. Les panneaux et les arbres sont recouverts de neige et gelés à cause de la température.

Après quelques pistes, j’ai vite froid. Même bien habillée, skier par -10 est très différent qu’à 0 degrés. Le moindre morceau de peau qui dépasse est menacé d’être gelé. Je rentre assez tôt à l’appartement pour me réchauffer et je décide de passer à l’office de tourisme pour avoir plus de renseignements sur la région. Je demande où l’on peut voir des aurores boréales, où se trouvent les fermes de rennes et où il est possible de randonner en raquettes. 

Levi est entouré de deux lacs, un au Nord et l’autre au Sud, complètement gelés et enneigés l’hiver, où marcheurs, skieurs de fond et motoneiges peuvent s’y aventurer. Ce sont aussi de bons endroits pour voir des aurores boréales car éloignés de toute pollution lumineuse. Des chemins de randonnées me sont conseillés aux alentours mais j’apprends que les fermes de rennes se trouvent à environ 8km de Levi et qu’il me faudra un moyen de transport pour m’y rendre. Cependant, pour patienter on m’indique que quelques rennes se trouvent derrière l’hôtel K5, en face de l’office de tourisme. Mes premiers rennes…ils sont de toutes tailles et toutes couleurs. Les plus gros sont assis dans la neige au centre de l’enclos. Les plus jeunes sont regroupés autour d’une motte de foin et sont plus curieux. J’ai pu caresser leur poil très dense et ma main s’enfonçait dans leur pelage. Le froid ne doit pas les atteindre…Leurs sabots sont articulés, avec deux grandes griffes devant et deux petites à l’arrière. 

Après cette première rencontre, je vais acheter une cagoule polaire à mettre sous mon casque de ski pour mieux profiter des pistes. Je l’achète à Stadium, le Décathlon finlandais. En rentrant je teste le sauna et la chaleur me détend. 

Jour 3 – 21 février

Après le buffet, je m’habille plus que chaudement pour la journée qui m’attend ! Il fait beau et c’est agréable de sentir un peu de soleil sur le visage. C’est agréable de dévaler les pistes dans un paysage blanc sous le ciel bleu. Je commence à retrouver des sensations sur mes skis. Cela faisait un moment que je n’avais pas skié.

Si vous êtes adepte de ski de randonnée, vous pouvez également réservez une journée privée en petit groupe autour de Levi. *

Malgré le beau temps, les pistes sont assez courtes et les remontées mécaniques assez longues. J’ai le temps de prendre froid, surtout aux extrémités : j’ai les mains gelées. Je me réfugie dans un petit chalet au bas des remontées et au croisement des pistes de ski de fond et de ski alpin. C’est en fait un feu de bois que nous trouvons au milieu et les gens tout autour faisant griller des saucisses à la broche. J’en profite pour retrouver mes mains ! Ces petits chalets sont très pratiques pour se réchauffer et manger au chaud. Il y en a un peu partout.

Puisque les gants de soie et les gants de ski ne suffisent pas à réchauffer mes mains, je décide d’acheter des chaufferettes qui produisent de la chaleur au contact de l’air et que je glisse dans mes gants comme des petits chauffages. La paire est assez chère mais c’est très efficace car la chaleur dure au moins 6h. 

Je ne tarde pas à rentrer quand même car j’ai prévu de visiter le musée Samiland avant la tombée de la nuit. Le musée est situé en haut des pistes, à côté d’un hôtel panorama à moitié dans la forêt. On peut y accéder à pied en empruntant des escaliers depuis ZéroPoint. 766 marches à gravir mais de très belles vues au fur et à mesure de la montée. Les arbres sont couverts d’une épaisse couche de neige et je découvre Levi vue d’en haut. Après 25 minutes d’ascension j’arrive au musée. Les chalets paraissent tout petits et derrière la plaine s’offre à moi jusqu’à l’horizon. 

L’exposition sur la culture Sami est composée de photos et d’explications des peuples indigènes souvent persécutés et au mode de vie atypique, guidé par les rennes.

La partie extérieure de l’exposition offre des reconstitutions des cabanes construites en terre, bois et peau de renne. Ce qui attire le plus mon regard sont les couleurs que prend le ciel… Celui-ci est rose, orangé, à la limite du violet. Avec un ciel aussi dégagé, je verrai peut être des aurores boréales ce soir !

Je remonte au bar du musée pour prendre un thé et me réchauffer devant la vue panoramique. Le soleil se couche sur la ville mais très vite le brouillard se lève. Pour redescendre, je prends les « œufs ». J’ai téléchargé une application de prévisions d’aurores boréales. Ce soir il n’y aura pas de sortie car le pourcentage est très faible.

Jour 4 – 22 février

Aujourd’hui je rechausse les skis par un beau temps mais un vent très violent. Je sens les bourrasques de vent me clouer sur place en haut des pistes. Des particules de neige sont soulevées et je vois à peine mes skis. J’ai l’impression de vivre une tempête de sable en noir et blanc. Malgré mes efforts pour descendre les pistes, le froid me transperce et il devient difficile de prendre du plaisir. Ici les conditions extrêmes ne me permettent pas de skier plus de 2 ou 3 heures… Cependant, le paysage en vaut la peine. 

Je décide de ranger les skis pour aller du côté du lac Immeljarvi. Celui-ci est complètement gelé et recouvert d’une épaisse couche de neige. C’est un bon spot pour voir des aurores boréales mais malheureusement le soir venu je n’ai vu que des nuages. 

Jour 5 – 23 février

Dernière journée de ski qui se révèle être la plus ensoleillée du séjour. J’ai pu skier plus longtemps que d’habitude et enregistrer dans ma mémoire ces paysages glacés. 

Je rends ensuite le matériel à Intersport et décide d’aller voir le lac au Nord. Il s’appelle Sirkkajarvi et est beaucoup plus sauvage. D’ailleurs, la ville s’appelle Sirkka mais tout le monde l’appelle Levi à cause du Mont Levi où se trouvent les pistes. Le lac est recouvert de neige et très peu de personnes le traverse. Je vois au loin des maisons en bois et de la fumée s’échappe de leurs cheminées. A l’horizon, les couleurs du coucher de soleil se dessinent.

Le soir venu je décide de braver la nuit la plus froide du séjour pour m’y rendre. Il fait -26 degrés et malgré le nombre de couches de vêtements enfilés, le seul endroit non couvert, les yeux, reflètent bien la température extérieure. Mes cils et mes sourcils gèlent rapidement.

Arrivée au lac, l’obscurité se fait plus intense et je distingue une trainée verte qui se déplace dans le ciel. Ce que je vois est léger et voilé par une brume mais se sont bien des aurores boréales ! Le spectacle dure 5 minutes tout au plus puis plus rien. Malgré ma patiente, je ne verrai rien de plus cette nuit. Je rentre congelée mais contente d’avoir vu ces quelques traces vertes s’animer dans le ciel.

Vous avez aussi la possibilité de partir à la chasse aux aurores boréales autour de Levi * de façon encadrée, avec boissons chaudes (ce qui n’est pas négligeable) !

Jour 6 – 24 février

Ce matin je prends plus mon temps au buffet. Je décide de faire une activité typique d’ici. Je me rends au Scandinavian Travel Group, petite agence repérée dans le village pour ses prix et programmes assez intéressants. Je me laisse tenter par un safari de 5 kilomètres en rennes pour 70€ par personne. Cela est un peu cher mais j’accepte car j’ai vraiment envie de voir une ferme de rennes. Je rencontre mon guide et deux autres personnes qui feront l’activité avec moi. Le guide nous conduit en voiture sur le lieu de l’activité situé à une quinzaine de kilomètres. 

Pendant le trajet, il nous explique l’importance des rennes dans la vie des Sami et nous renseigne sur l’animal. La peau, la viande et les bois des rennes contribuent à la survie de ce peuple. En Finlande, il y a 2 rennes pour 1 habitant. Cependant, tous sont domestiqués ou en tout cas appartiennent à une ferme. Ils ne sont regroupés que deux fois par an, en juin et en octobre, pour les castrer, les faire se reproduire ou tuer les plus faibles. Les ennemis les plus féroces des rennes sont les loups et les lynx, encore présents dans la région. 

Nous arrivons devant une ferme, surtout un refuge pour se réchauffer où les skieurs de fond peuvent faire une pause. Derrière se trouvent des enclos avec beaucoup de rennes, plus gros que ceux que j’ai pu voir avant. Leurs bois sont impressionnants. Ils les perdent tous les ans car ceux-ci deviennent vite encombrants. Nos traineaux nous attendent avec de chaudes couvertures. Nous faisons la rencontre d’un homme en habits Sami qui nous accompagnera tout au long de la promenade. Je m’installe dans le traineau et me laisse emmener par le renne devant moi. 

La balade durera 50 minutes pour 5 kilomètres. Il fait très beau aujourd’hui et il est agréable de se laisser porter dans les chemins sinueux et creusés dans la neige. Quand nous revenons au point de départ, nous pouvons nourrir les rennes en leur donnant du lichen, dont ils raffolent.

Nous revenons à la ferme nous réchauffer autour d’un thé et d’une pâtisserie. Pour rentrer, nous empruntons une autre route et notre guide nous montre les chalets luxueux dans la nature et le golf 18 trous qui en été accueille de nombreux touristes. 

Je suis enchantée par mon après-midi malgré le caractère touristique de l’activité. J’ai pu avoir un vrai contact avec les rennes, et en apprendre plus sur eux.

Une autre idée d’activité avec les rennes : Demi-journée avec les rennes dans une ferme locale *

Les excursions en chien de traîneau sont aussi une activité typique à découvrir à Levi. Quelques idées d’excursions plus ou moins longues selon votre connaissance de l’activité :
– Excursion en chiens de traîneau dans la forêt lapone (5km) *
– Excursion 10 km en chiens de traîneau *

Jour 7 – 25 février

Dernière journée complète en Laponie. Sur les conseils de mon guide d’hier, je pars en début d’après-midi pour une randonnée en raquettes. En résidant au Lapland hotel, l’agence Lapland Safari offre la location de raquettes à la journée. Je pars donc pour l’ascension du Mont Katka (500 m environ), surplombant le lac Immeljarvi et faisant face au Mont Levi. 

C’est la première fois que je fais des raquettes mais il est plutôt facile de marcher avec en s’aidant des bâtons m’arrivant aux épaules.

J’arrive vite au sommet et un superbe spectacle s’offre à moi. Le ciel est dégagé, le soleil brille, le Mont Levi en face et les chalets de Sirkka en contrebas. Je suis entourée d’arbres enneigés. Peu de personnes doivent passer par ici car la neige est bien préservée. Je suis au cœur de la foret, autour de moi se dresse de grands sapins recouverts d’une épaisse couche blanche, comme de la chantilly ! 

En redescendant, je m’arrête dans un abri tout juste construit où un feu crépite à l’intérieur devant une baie vitrée avec vue sur le lac. 

Pour des excursions en raquettes encadrées plus ou moins longues :
– Excursion en raquettes dans le parc national de Pallas-Ylästunturi (5h) *
– Excursion en raquettes à neige à Levi (2h) *

Après cette randonnée féérique, je me prépare à ressortir diner dans Sirkka. J’avais repéré quelques endroits où manger du renne mais ceux-ci sont tous complets et très chers. Je décide d’entrer dans un restaurant proposant des fondues. L’endroit est agréable et je dine à la bougie. Je commande une fondue « chinoise » composée de viandes d’agneau et de bœuf à faire cuire dans l’huile et accompagnée de frites, de salade et de différentes sauces.

Jour 8 – 26 février

Aujourd’hui c’est le départ, après avoir rendu l’appartement, je laisse mes bagages en consignes à l’hôtel le temps d’une dernière balade en ville. J’en profite pour ramener quelques souvenirs : des bois de rennes, du savon, une paire de moufles, du thé aux baies, cartes postales et tasses de thé. 

En partant dans la navette pour l’aéroport, je regarde une dernière fois les pistes, les sapins enneigés, les gens en tenue de ski et toute cette effervescence autour de la magie que dégage la Laponie. Le terminal de Kittila est vraiment petit mais chaleureux. Je n’ai pu voir peu d’aéroports vous donner envie de rester. 

Je pense que cette région a quelque chose de plus que je ne saurais pas expliquer. J’en suis même sûre en survolant ces étendues blanches et gelées. La Laponie est une région extrême et comme toutes celles-ci, elle offre des découvertes encore plus riches et insoupçonnées. Le retour à Helsinki et à la ville me parait décalé. En arrivant à Turku après deux heures de bus, il neige à gros flocons. En rentrant chez moi, j’ai des images plein la tête, de belles photos et des souvenirs plein les valises. Ce voyage a été un des plus beaux et inattendus que j’ai pu faire…

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