Randonnée Massif des Bauges – Mont Pecloz / Pointe de la Chaurionde

Cet été (août 2020), je suis partie avec mon frère Clément, pour une randonnée de deux jours, avec bivouac en hamac dans le Massif des Bauges. C’était ma première « vraie » rando avec bivouac et sac à dos ! L’objectif était de faire une boucle entre le Mont Pecloz (2197 m) et la Pointe de la Chaurionde (2173 m) et de dormir en hamac entre ces deux points. Nous ne connaissions pas ce coin là et comme c’était ma première randonnée, nous avions prévu assez large pour effectuer les 21 km sur deux jours

Retrouvez la vidéo complète de cette randonnée en fin d’article ou sur ma chaine Youtube !

La faune que l’on peut observer dans le massif des Bauges est variée : chamois, marmotte, rapaces… Si vous êtes intéressés vous pouvez consulter ce site qui sensibilise au dérangement de la faune dans le Massif des Bauges. Plus généralement le site Be Part of the Moutain vous conseille sur les bonnes pratiques à adopter face à la faune en montagne.

L’équipement à emmener : 

On est pas parti léger et on voulait plus profiter des paysages que faire une performance. Selon votre objectif vous pouvez réduire l’équipement à emmener.

  • Sac à dos de 30 litres minimum (surtout si vous partez seul)
  • De l’eau. En effet sur ce parcours il y a très peu de point d’eau, pensez à prévoir des réserves en conséquence surtout si vous partez en plein été. Prévoyez 5 litres minimum jusqu’au point d’eau, (2 litres/ minimum par personne)
  • Hamac (le premier prix decathlon est largement suffisant), sac de couchage et matelas gonflable (pour s’isoler du froid mais pas obligatoire)
  • Chaussures de marche : Dépend du niveau de chacun, je vous conseille de regarder cette vidéo pour bien les choisir
  • Une casserole et un réchaud à gaz, couteau, cuillère, allume feu (pierre à feu, briquet ou allumettes)
  • Nourriture : semoule et maquereau pour le bivouac, pique nique (pain, saucisson, tome de savoie, pomme) + barres énergétiques
  • Une trousse de secours (basique) : pensez à la couverture de survie, un bout de savon, des pansements, mouchoirs, PQ (avec sac étanche pour ne pas laisser le pq dans la nature, ou le bruler), médicaments de base : paracétamol, spasfon, smecta
  • Lampe frontale  
  • Vêtements : du change (minimum) et de quoi se couvrir la nuit, bonnets & gants !
  • Casquette & lunettes de soleil, crème solaire
  • GPS téléphonique avec l’appli Viewranger (pratique pour chercher un bivouac, vue satellite ; dénivelé) et toujours une carte papier (au cas ou plus de tel, batterie), et une boussole (s’entrainer à s’en servir avant au cas où).

Petit plus :

  • Jumelles, pour observer la faune
  • Bâtons de marche (au choix pour certains passages)
  • Tarp (pour se protéger du vent la nuit)
  • Gopro pour filmer ces paysages merveilleux
  • Couvre sac en cas de pluie

Astuce : utiliser des vieilles chaussettes pour emballer le réchaud dans la casserole et éviter les frottements !

Jour 1

Il faut d’abord rouler jusqu’au parking après le village d’Ecole et laisser la voiture sur place. La randonnée commence par un passage en forêt assez raide et en lacets. On monte assez vite en altitude et en sortant de la forêt la vue est déjà bien dégagée sur les sommets. 

vue dégagée

Le terrain change, des gros rochers doivent être escaladés presque à la verticale. Il faut prendre son temps pour rester lucide et ne pas faire un pas de travers.

On décide de pique niquer dans la montée pour faire une pause. En plus, à cette hauteur on commence à voir des chamois ! On les observe à la jumelle en cassant la croûte. Saucisson et tome des Bauges, tout est local.

Après cette pause on reprend jusqu’au premier sommet, le Mont Pecloz à 2197 m. On aperçoit des vautours tourner autour. Avec l’absence de bruit on entend même le bruit du vent dans leurs plumes lorsqu’ils passent près de nous. 

On s’hydrate beaucoup car il fait chaud et la montée nous a demandé beaucoup d’efforts. Mais la vue à 360 degrés est magnifique avec en bonus, le Mont Blanc !

La redescente est plus compliquée car le chemin n’est pas balisé, il faut le trouver soi-même. C’est un peu délicat car le terrain est accidenté, il faut parfois s’accroupir et avec le sac à dos qui pèse son poids ce n’est pas évident !

On fini par arriver sur une plaine avec un petit chemin. On peut voir des chamois en contrebas et le soleil commence à décliner…On atteind le deuxième sommet pour la « golden hour », c’est super beau mais je commence à fatiguer un peu. 

On ne le savait pas encore mais la partie la plus difficile de la randonnée nous attendait ! Le chemin des crêtes était vraiment très irrégulier. Très étroit, il fallait mettre littéralement un pied devant l’autre pour avancer et parfois le chemin devenait inexistant. Il faut être agile lorsque les rochers commencent à rouler sous nos pieds ! C’était la fin de la journée et il faut vraiment rester concentré dans ces passages pour ne pas avoir les jambes qui flageolent. Je vous recommande de partir assez tôt le matin pour ne pas arriver trop tard au bivouac si vous voulez prendre votre temps. 

On a quand même apprécié le paysage…

Après cette descente périlleuse nous retrouvons un peu de forêt. Nous décidons de trouver deux sapins avec un bon écartement et un peu éloignés du chemin pour y installer les hamacs pour la nuit.

Comment faire un nœud plat pour accrocher le hamac (de gauche à droite et de haut en bas) : 

L’avantage du hamac c’est qu’il ne laisse pas de traces au sol et est très facile à installer. Comme on est deux, on décide de s’installer l’un au-dessus de l’autre, avec le tarp par-dessus pour se protéger du vent. On peut mettre un matelas gonflage dans le hamac pour plus de confort et pour s’isoler du froid. On attache également les sacs en hauteur pour éviter que des animaux ne soient attirés par la nourriture pendant la nuit.  

Une fois le campement installé on prépare notre diner dans la casserole : semoule avec maquereaux et sauce tomate, ça calle bien après une journée de marche. On se couvre pour la nuit et on laisse respirer les pieds ! Il peut faire froid donc il vaut mieux avoir une épaisseur de secours. Ce qui est bien c’est qu’on se couche et se lève avec le soleil

Jour 2

J’ai plutôt bien dormi, c’était très confortable. J’ai juste été réveillée par un sanglier qui grognait dans la vallée… ce n’est pas pour rien que ça s’appelle le massif des Bauges… ! Ce matin petit déjeuner énergétique avec des barres de céréales et pâtes de fruit. N’hésitez pas à en prendre dès qu’un coup de fringale se fait ressentir dans la journée. J’ai les jambes assez raides ce matin. On range les hamacs en veillant à ne rien laisser sur place.

Le terrain est plutôt plat avec quelques passages techniques comme des pierriers, mais globalement c’est un chemin de forêt. Cela permet de chauffer les muscles en douceur. Surtout que j’ai quelques ampoules aux pieds… On aperçoit des terriers de marmottes mais pas leur museau !

On arrive à des fermes qui peuvent accueillir des randonneurs pour la nuit. Il y a aussi un point d’eau pour se ravitailler si besoin. Le berger nous explique que l’eau est très précieuse car elle provient d’une citerne qui n’est pas alimentée tous les jours. Il faut donc en être conscient et il est d’usage de demander avant de se servir. On fait donc une pause et on remplit les gourdes quasiment à sec avant d’attaquer la montée jusqu’à la pointe de la Chaurionde. 

Il fait très chaud et c’est assez raide. Nous faisons des pauses régulières pour admirer la vue et on pique nique à l’ombre dans la montée.

La dernière partie est très raide jusqu’au sommet (2173 m) mais la vue en vaut la peine !!

La descente est moins vertigineuse mais j’ai les pieds en feu à cause de mes ampoules. La randonnée se termine par un chemin forestier très calme puis il faut longer le Chérant (sur la route) pour retourner au parking. 

Au total nous avons fait 21,4 km avec 2400 m de dénivelé positif en 2 jours. Pour une première randonnée je suis contente car il faut s’habituer au poids du sac et être toujours en alerte dans les passages compliqués. La nuit en hamac est vraiment quelque chose à tester pour se rapprocher de la nature. Votre choix de chaussures est vraiment important. Les miennes n’étaient pas assez adaptées au terrain et le frottement m’a fait de grosses ampoules. Et puis le temps était avec nous et les paysages magnifiques…

L’avis de l’expert (Clem)

Quelle est ton expérience de la rando ? Depuis combien de temps marches-tu ?

J’ai toujours beaucoup marché ; quand j’étais petit avec mes parents on faisait beaucoup de randonnées plusieurs fois par an. Et puis en grandissant j’ai commencé à en faire tout seul avec des copains et puis petit à petit je me suis mis au bivouac avec des randonnées sur plusieurs jours où on emmenait la tente ou alors dormait dans des granges dans la paille. Ca fait une bonne douzaine d’années que je fais ça maintenant donc mon niveau est plutôt bon je dirais et puis je fais beaucoup de sport, comme du trail, du VTT donc ça aide à avoir une condition physique et à se sentir à l’aise sur des terrains techniques. J’aime beaucoup la rando en montagne aussi parce que les paysages sont sympa mais pas de la haute montagne avec du gros matériel d’alpinisme, je préfère la rando plaisir on va dire.  

Comment prépares-tu une rando ?

Alors généralement ça part d’une envie un peu, d’un endroit qu’on a envie d’aller voir et découvrir avec des copains. Une fois que j’ai décidé à peu près de l’endroit où je vais j’utilise une carte IGN au 25 millièmes suffisamment précise pour voir un peu ce qui m’attend et puis je définis les objectifs de la rando, si c’est sur une journée ou sur plusieurs jours, combien de kilomètres je veux faire, le dénivelé… Sur la carte on peut repérer des points de vue sympa comme une grotte à aller voir, un sommet à passer, un col… Et ça c’est à définir aussi en fonction de ses capacités. Je pense qu’il faut vraiment connaître ses capacités avant de partir pas viser trop haut et taper un sommet à 3000 m le premier jour alors qu’on a jamais fait de randonnée. Il faut vraiment penser à se faire plaisir donc c’est bien de savoir ce qu’on est capable de faire et de commencer doucement pour être sûr de pas se dégoûter. 

Une fois que je j’ai défini mes objectifs, je fais mon parcours en le traçant sur la carte et je repère surtout des points d’eau pour pouvoir recharger en eau. Et aussi si c’est une rando de plusieurs jours comme celle-ci, repérer un endroit où on va pouvoir dormir. Ca peut être un refuge mais si on bivouaque ça peut être dans une zone abritée du vent. Il faut éviter de camper au sommet. Là on était parti avec les hamacs donc pour dormir il nous fallait des arbres. Après on peut aussi regarder des avis sur internet sur des forums de montagne, pour savoir s’il y a des choses à voir ou à éviter. Je regarde aussi les réserves de chasse et les zones interdites au bivouac, sachant que si on ne laisse aucune trace et qu’on est discret généralement ça passe. Juste avant de partir je vérifie aussi la météo sachant qu’en montagne ça peut changer très vite donc il faut être méfiant. Je regarde les précipitations pour savoir comment me couvrir et la température surtout pour la nuit. Ya rien de pire que de pas dormir à cause du froid.

De quoi tu ne te sépares jamais ? Un objet à ne pas oublier ?

En premier je dirais la lampe frontale ! Et oui parce que c’est pas terrible que de se faire surprendre par la nuit surtout si on a prévu une rando à la journée et qu’on se retrouve à finir de nuit, ça m’est arrivé plus d’une fois…

Après on pourrait mettre aussi dans le « survival pack », la couverture de survie. Mais attention tout le monde en a une mais personne ne sait s’en servir généralement. Donc petit conseil : regarder comment on s’en sert avant de partir, quel côté il faut mettre contre son corps parce que si l’on se trompe ça peut nous donner froid plutôt que chaud.

Après si on part plusieurs jours il faut aussi emmener de quoi cuisiner. Du coup j’emmène toujours mon allume feu (firesteel), pour allumer le réchaud ou un feu. L’avantage c’est que c’est incassable et ça marche même mouillé. Et un couteau, généralement un opinel, le meilleur ami du randonneur. Et puis j’aurais peut être dû le mettre en premier celui là mais j’emmène toujours un tire-bouchon parce que je crois qu’il n’y a rien de pire que de ne pas pouvoir ouvrir sa bouteille de rouge,  je crois que c’est même pire que de rentrer de nuit !! 😉

Une recette pour un bivouac si on veut optimiser le poids et la place ? De quels apports a-t-on besoin ?

Alors encore une fois je pense qu’il faut bien se connaître et connaitre ses besoins énergétiques, si on a un gros appétit ou pas, tout en sachant que quand on va faire un effort physique on va dépenser beaucoup plus de calories. Donc généralement moi je prends les aliments qui sont riches en calories et un peu gras. Pour la journée souvent je prends des biscuits, des pâtes de fruits, des pâtes d’amande, des fruits, des noix… Et puis au bivouac je ramène souvent des féculents (semoule), des poissons gras comme des filets de maquereaux en conserve avec une sauce pesto ou basilic par exemple.

Donc ça c’est la version rando plaisir, on peut même emmener une petite bouteille de vin pour se réchauffer le soir au coin du feu. Après pour ceux qui veulent faire du super light on peut emmener des gels et il existe des packs de nourriture deshydratés, tu mets de l’eau chaude dedans et ça te fait des pates bolo. Mais c’est pas toujours très très bon, ça dépend des marques et puis, moi je pars du principe que la randonnée c’est pas non plus la compétition et qu’il faut se faire plaisir en emmenant du saucisson et du fromage par exemple. 😉

Si on part sur 2 semaines, là oui ça peut être pas mal d’emmener des trucs légers mais pour 3-4 jours j’arrive souvent à me débrouiller sans. Pour faire encore plus light, on peut prévoir des refuges et avoir les repas inclus. Du coup on emmène peu de nourriture avec soi.

Sur cette rando, quels ont été les passages les plus difficiles ? Des recommandations pour les passer ?

Le plus difficile je crois que c’était quand même les montées, surtout la première qui était vraiment longue et raide. Du coup il faut vraiment gérer l’effort, prendre son temps, faire des petits pas, penser à s’hydrater, faire des pauses et puis ça finit par passer quoi. Et la deuxième difficulté je dirais que c’était les crêtes où on était souvent sur l’arête qui était assez escarpée surtout si on a peur du vide. En fait il suffit de vraiment assurer ses appuis dans ces moments là, avançer très lentement pour ne pas être déséquilibré surtout avec le poids du sac et ne pas hésiter si on en a besoin de partir avec des bâtons de marche pour avoir des appuis supplémentaires dans ces passages difficiles.  

Que t’a appris la randonnée ? A quoi penses-tu en marchant ?

Et bien ça m’aide à déconnecter. Au quotidien on fait rarement attention où on met les pieds, on ne regarde pas autour de nous, on fait du bruit… En randonnée c’est tout le contraire. Il faut rester humble devant la nature, surtout en montagne d’ailleurs. Il faut être silencieux pour observer la vie des animaux, écouter les bruits de la forêt. Tous les sens sont en éveil, on est concentré sur nos pas et ce qui nous entoure et on pense à rien d’autre

mont blanc

Et enfin, un petit conseil pour les débutants ?

Alors j’ai plusieurs petits conseils mais le premier c’est qu’il faut vraiment commencer doucement pour apprendre à connaître un peu son corps et ses limites, c’est vraiment la base. Après il y a le problème des chaussures. C’est souvent un problème récurrent quand on débute, il faut vraiment prendre le temps de trouver la bonne chaussure quitte à marcher avec un peu plus dans la vie de tous les jours avant de partir sur une rando le temps que les chaussures se fassent au pied et qu’on soit vraiment bien dedans. Y’a rien de pire que d’avoir une ampoule au bout de 2 kilomètres. 

L’erreur qu’on fait souvent quand on débute et moi le premier, c’est de surcharger son sac et d’emmener sa maison avec soi. Avec l’expérience j’ai appris à n’emmener que l’essentiel. En fait il y a plein de choses dont on n’a pas besoin ou qu’on peut minimiser. Ça évite de se faire mal au dos, et un sac lourd et bien c’est de l’énergie dépensée pour rien. D’ailleurs pour ceux qui ont mal au dos, il y a plein de conseils en ligne pour répartir correctement le poids dans le sac. Enfin petit conseil sécurité, il faut toujours dire à quelqu’un où on va, surtout si on part seul au cas où il arrive quelque chose.  

Mais surtout ce que je dirais aux débutants c’est de profiter de cette expérience unique et de se lancer, peut être avec des amis au début ou avec des gens qui ont l’habitude. C’est plus rassurant quand on débute, et on profite plus. En plus ça permet de mieux répartir le poids des bouteilles de rouges entre les copains… 😉

Retrouvez la vidéo complète juste en dessous !

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